ÉCOUTER LA VOIX DE JESUS
José Antonio PagolaDans certains secteurs de l'Église, on insiste plus que jamais sur la nécessité d'un «magistère ecclésiastique» fort pour guider les fidèles au milieu de la crise actuelle. Ces appels ne parviennent cependant pas à stopper sa «dévalorisation» croissante parmi de larges secteurs des chrétiens.
En fait, pas mal d'interventions des évêques provoquent des réactions contrariées. Certains les louent avec ferveur, d'autres les critiquent sévèrement, et la plupart les oublient en quelques jours. En attendant, l'Évangile nous rappelle les paroles de Jésus qui nous interpellent tous: «Les brebis suivent le berger parce qu'elles connaissent sa voix».
Aujourd'hui encore, la première chose décisive est que, dans l'Église, nous, les croyants, écoutions la «voix» de Jésus-Christ dans toute son originalité et sa pureté, et non pas le poids des traditions ou la nouveauté des modes, ni les «préoccupations» des ecclésiastiques ou les «goûts» des théologiens, ni nos intérêts, nos craintes ou nos accommodements.
Cela exige que nous ne confondions pas simplement la voix de Jésus-Christ avec les paroles qui sont prononcées dans l'Église. Nous ne devons pas considérer comme acquis que dans chaque intervention des évêques, dans chaque prédication des prêtres, dans chaque écrit des théologiens ou dans chaque exposé des catéchistes, la voix de Jésus est fidèlement entendue.
Il y a toujours un risque. Que nous remplissons l'Église d'écrits et de lettres pastorales, de documents et de livres de théologie, de catéchèse et de prédications, remplaçant par notre «bruit» la voix incontournable de Jésus, notre seul maître. L'évêque Augustin nous a rappelé à maintes reprises: «Nous n'avons qu'un seul maître. Et sous lui, nous sommes tous des disciples. On ne devient pas maître par le fait de parler du haut de la chaire. Le véritable Maître parle de l'intérieur».
Nous devons nous demander si la parole qui se fait entendre dans l'Église vient de Galilée et si elle est née de l'Esprit du Ressuscité. C'est cela qui est décisif, puisque le magistère, la prédication ou la théologie doivent être une invitation à chaque croyant à écouter fidèlement la voix du Christ. Ce n'est que lorsque l'on «apprend» quelque chose de Jésus que l'on devient son disciple.
José Antonio Pagola
Traductor: Carlos Orduña
Publicado en www.gruposdejesus.com