COMMENT SUIVRE JÉSUS
José Antonio PagolaLc 9, 51-62
Jésus entreprend avec détermination sa marche vers Jérusalem. Il connaît le danger qu’il court dans la capitale, mais rien ne l’arrête. Sa vie n’a qu’un objectif : annoncer et promouvoir le projet du royaume de Dieu. La marche commence mal : les Samaritains le rejettent. Il est habitué : la même chose lui est arrivée dans son village de Nazareth.
Jésus sait qu’il n’est pas facile de l’accompagner dans sa vie de prophète itinérant. Il ne peut offrir à ses disciples la sécurité et le prestige que les docteurs de la loi peuvent promettre aux leurs. Jésus ne trompe personne. Ceux qui voudront le suivre devront apprendre à vivre comme lui.
Chemin faisant, un étranger s’approche de lui. Il a l’air enthousiaste : «Je te suivrai partout où tu iras». Tout d’abord, Jésus le prévient de ne pas attendre de sa part sécurité, avantages ou bien-être. Lui-même «n’a pas d’endroit où reposer sa tête». Il n’a pas de maison, il mange ce qui lui est offert, il dort où il peut.
Ne nous trompons pas. Le grand obstacle qui empêche de nombreux chrétiens aujourd’hui de suivre véritablement Jésus est le bien-être dans lequel nous nous sommes installés. Nous avons peur de le prendre au sérieux car nous savons que cela nous obligerait à vivre de manière plus généreuse et solidaire. Nous sommes devenus les esclaves de notre petit bien-être. Peut-être que les crises économiques pourraient nous rendre plus humains et plus chrétiens.
Une autre demande à Jésus de le laisser partir pour enterrer son père avant de le suivre. Jésus lui répond par un jeu de mots provocateur et énigmatique : «Laisse les morts enterrer leurs morts, toi, va annoncer le royaume de Dieu». Ces mots déroutants remettent en question notre style de vie conventionnel.
Nous devons élargir l’horizon dans lequel nous évoluons. La famille n’est pas tout. Il y a quelque chose de plus important. Si nous décidons de suivre Jésus, nous devons aussi penser à la famille humaine : personne ne devrait vivre sans foyer, sans patrie, sans papiers, sans droits. Nous pouvons tous faire quelque chose de plus pour un monde juste et fraternel.
Un autre est prêt à le suivre, mais il veut d’abord dire au revoir à sa famille. Jésus le surprend avec ces paroles : «Celui qui met sa main à la charrue et continue à regarder en arrière n’est pas digne du royaume de Dieu». Collaborer au projet de Jésus exige un dévouement total, de regarder en avant sans se laisser distraire, de marcher vers l’avenir sans s’enfermer dans le passé.
Le pape François nous a prévenus de quelque chose qui arrive aujourd’hui dans l’Église : «Nous avons peur que Dieu nous emmène sur de nouveaux chemins, en nous sortant de nos horizons souvent limités, fermés et égoïstes pour nous ouvrir aux siens».
José Antonio Pagola
Traducteur: Carlos Orduna
Publicado en www.gruposdejesus.com